Je suis personnellement aussi désappointé qu’à l’issue du match contre la Slovénie, en raison de l’impression de gâchis que ces deux rencontres m’ont laissé…Interrogé à la sortie du stade par une chaîne de TV étrangère, j’ai simplement déclaré : " Mes félicitations aux Etats Unis,les nôtres ont joué comme des bureaucrates." Car c’est ainsi que je les ai vus : venus expédier une corvée. Sans hargne, sans mordant, sans engagement, sans esprit de créativité. Le schéma de jeu est vague, Comme souvent, la défense fait face, mais en l’absence de pression sur l’adversaire et l’inexistence d’un jeu offensif construit de la part des nôtres, cette défense finit toujours par céder, vers la fin d’ailleurs : 78° minute contre la Slovénie et 92° minute face aux Etats Unis. Qui est responsable d’un tel ratage ? Le niveau général insuffisant de nos sélectionnés ou bien les consignes trop conservatrices et prudentes de Saadane. A la sortie du stade, autour de nous, les supporteurs algériens désenchantés n’avaient eux qu’un nom à la bouche :SAADANE !!
Saadane qui, lui, déclare à l’AFP : " Nous avons bien joué...certains joueurs ont peiné en seconde période. L'altitude a joué sur le plan physique. Le premier match nous a coûté la qualification. Il faut se mettre à la recherche des oiseaux rares en attaque.
Certaines manchettes de quotidiens algériens du lendemain sont indulgentes : El Moudjahid : " L'Algérie quitte le Mondial avec les honneurs." El Watan : " Merci et à bientôt." En pages intérieures les commentaires sont toutefois beaucoup moins tendres. Liberté pour sa part a titré : " Les Verts par la petite porte." En troisième page il va jusqu’à annoncer le départ de Saadane : " Fin de mission pour Saadane: il a drivé hier soir son dernier match avec les Verts."
Le site FIFA.com relate que « L’équipe algérienne a pris le meilleur départ. Ce fut une empoignade attrayante qui refléta bien le besoin de chacune des 2 sélections d’obtenir la victoire. » Sur son site en anglais France 24 estimait : « Le but de la onzième heure des Etats Unis coule l’Algérie, après un match vibrant et équilibré, au cours duquel les deux équipes eurent de nombreuses occasions. Les USA parurent comme les plus dangereux, mais les Algériens surent leur donner quelques frayeurs, tel Karim Ziani dont le tir violent rata le cadre à la suite d’une très belle contre attaque. »
A son retour à Alger la délégation va recevoir à l’aéroport un accueil plus que satisfaisant avec la présence d’un certain nombre de membres du gouvernement. La presse algérienne, elle, n’en a cure. Elle réclame, ni plus ni moins, la tête du sélectionneur. C’est la tonalité générale dans tous les milieux. Mais personne ne saura rien d’officiel, tant que le Président de la FAF - encore retenu en Afrique du Sud par ses obligations – n’aura pas regagné le pays. Une réunion du Bureau fédéral de la FAF est annoncée pour le 18 Juillet. Il n’y a qu’à attendre encore 3 semaines environ pour être fixés.
Cela nous fournira le temps pour nous interroger sur les contradictions et incohérences dans le discours et les actions de notre entraîneur national. Rappelez-vous le choix fait en Mars à propos des lieux des stages, aussitôt contredit en Avril. L’option préparation en altitude avait finalement prévalu avant le départ pour l’Afrique du Sud. Sur place, le camp de base choisi, près de Durban, se situera malheureusement très loin des villes où l’Algérie allait se produire, et quasiment en bord de mer. On nous a expliqué que « l’endroit était magnifique, isolé, paradisiaque et que, cerise sur le gâteau, tout était gratuit…pris en charge par les autorités provinciales locales ».
Quelques rappels : Le 10 Juin, trois jours après l’arrivée de la délégation à Durban, Saadane avait donné une conférence de presse, au cours de laquelle il se déclarait satisfait de la qualité de l’accueil et des lieux. Il se croit néanmoins tenu de revenir sur, selon lui, certaines circonstances défavorables qui ont affecté négativement le groupe : longueur et difficultés des éliminatoires (CAN-CDM), phase finale CAN tout de suite après, puis Serbie, joueurs blessés et ceux qui ne jouaient pas dans leur club… Il rappelle qu’en 3 semaines (mai à Juin ) il fallait trouver une solution…encore faut-il « enlever le stage en altitude qui ne nous a pas permis de faire un travail technico-tactique et donc nous devions remettre l’équipe à niveau en 2 semaines. » Soit. Si l’on comprend ce qu’il dit : 1 semaineà Nuremberg et une autre près de Durban. Selon lui le stage en altitude en Suisse n’aura servi à rien. Et pourtant au moment de boucler ce dernier stage, trois jours avant le match face à la Slovénie, Saadane estimait : « Dieu merci, aujourd’hui tout l’effectif retenu… est apte…Tous les joueurs sont prêts à jouer comme nous l’avions programmé…Tous sont à l’heure…nous n’avions pas le droit de sacrifier notre premier atout, la cohésion patiemment édifiée au cours de mois passés. »
Un instant plus tard lors de la même conférence. Il va se contredire. A un journaliste étranger, il répond que la différence avec 1986 : « Là nous arrivons avec quelques soucis en matière de cohésion, résultat des blessures et de la méforme de certains joueurs. »Alors Mr Saadane, y- a-t-il cohésion « patiemment édifiée » ou la cohésion fait-elle défaut ?? En 2010, les joueurs sont-ils aptes comme « programmé » ou bien sont-ils blessés ou en méforme ??
Un peu plus avant, Saadane annoncera : « Après le second match, nous irons directement à Pretoria à partir du Cap…afin de permettre à l’équipe de mémoriser plus logntemps l’altitude en tenant compte des recommandations médicales, parce que le troisième match est déterminant dans une compétition. »
Et nous y voilà ! Trois remarques s’imposent :
1. Dès le 19 Juin les joueurs iront aller s’installer à Pretoria en vue du dernier match face aux USA programmé le 23 juin et ce, afin de « permettre à l’équipe de mémoriser plus longtemps l’altitude ». Ainsi pendant 13 jours à Crans Montana les joueurs n’ont rien mémorisé… Et par là-même oublié le site paradisiaque et gratuit près de Durban !!
2. Pourquoi donc a-t-on préféré le bord de la mer ( Durban ) à un camp de base en altitude. Pour ce dernier point, soulevé par certains, Saadane a expliqué d’abord que l’Algérie s’était qualifiée très en retard et d’autres sélections s’étaient servies avant notre pays et ensuite que ce qui restait des camps prévus par la FIFA et le Comité d’organisation sud africain, ne convenait pas à notre délégation ou était trop coûteux.
3. Le staff médical a mis du temps à se réveiller pour conseiller l’altitude en vue du troisième match qui est " déterminant " nous dit-il. Après la défaite contre la Slovénie, il avait annoncé" un vrai match de Coupe du Monde." face à l’Angleterre…On en déduit que le premier match était sans importance ; c’est sans doute pour cela que nous l’avons perdu. Dans ma candeur et naïveté, j’ai personnellement toujours pensé que tous les matches d’une compétition de cette nature étaient importants mais que le premier était un peu spécial !
Pour le camp de base, est-il besoin de rappeler à Saadane que 6 pays, ont dû passer par les barrages et se sont donc qualifiés au soir du 18 Novembre, comme l’Algérie ? Eh bien à l’exception de la Grèce les 5 autres, Slovénie, France, Portugal, Uruguay et Nouvelle Zélande ont tous eu le temps de trouver et de choisir des camps de base en altitude. Eux ont donc su « se contenter des restes » qui somme toute ne devaient pas être négligeables ! Connaissant à l’avance le pécule ( plus de 6 millions d’euros , dont 1 déjà versé aux 32 équipes au lendemain de leur qualification) que chacun des pays participants au premier tour allait recevoir de la FIFA, on se demande pourquoi notre délégation crie-t-elle misère ? Et qu’elle en vienne à préférer le site gracieusement offert par les autorités du Kwazulu - Natal. On peut aussi en conclure que de petits pays comme la Slovénie, la Slovaquie, le Paraguay ou encore le Honduras ont probablement des capacités financières plus importantes que l’Algérie ou simplement que leurs autorités sont en mesure de créditer par avances leur délégation sportive !
Saadane apparaît comme tout à fait déroutant. Parle-t-il pour ne rien dire pour le plaisir de parler, parce qu’il est face à un auditoire, oubliant ce qu’il vient de dire ou contredisant une affirmation faite l’instant d’avant ? Ou bien c’est simplement là sa nature ? Et que l’ampleur de la tâche le dépasse ? Véritablement désolant.
Ce qui est sûr, c’est qu’en 3 participations à une phase finale de la Coupe du Monde, nous n’avons guère tenu nos promesses. A l’exception de la victoire méritée contre la RFA en 1982, notre sélection est toujours passée à côté de son sujet lors des 8 autres matches. Car même la victoire en 1982 face au Chili avait été un « ratage ». Pas de dépassement de soi, pas de réaction d’orgueil, ni de révolte…pour essayer d’atteindre le second tour. Faut-il donc se résoudre à croire que nos représentants restent condamnés à un niveau plus que moyen qui n’autorise aucune espérance ? Barrières mentale, physique, technique ou civilisationnelle infranchissables pour nos joueurs? La question reste posée.
Attitude décente des joueurs, partis en vacances sans souffler mot. Et pour cause ! Ils savaient avoir raté leur grand rendez-vous. Il faudra attendre Avril 2012 pour que Rafik Djebbour crève l’abcès dans une entrevue publiée sur le site de Jeune Afrique. Sans ambage et avec une certaine dose d’amertume il déclare : « La Coupe du Monde 2010 aurait dû être mon meilleur souvenir de footballeur. C’est l’inverse qui s’est produit. On a mal préparé le tournoi… »Et il précise sa pensée : « En Afrique du Sud qu’avons-nous fait à part défendre et jouer la contre attaque ? Rien. »
Pendant près de 3 semaines la question reste posée : Partira ? Partira -pas ? Le 18 Juillet le Bureau fédéral met fin au suspense. Saadane continue à la tête de l’équipe nationale jusqu’en 2012. Dans le communiqué officiel rendu public, cette reconduction a été motivée de la manière suivante : « La stabilité étant la condition sine qua non pour tout progrès, le Bureau fédéral a décidé de reconduire M. Rabah Saadane…Il aura pour mission première la qualification pour la CAN 2012… »Il y eut également ce commentaire : « Au-delà des résultats techniques chiffrés qui sont insuffisants et du sentiment que le parcours aurait pu être meilleur, les prestations de l’équipe nationale peuvent être considérées comme honorables et sont prometteuses au vu du potentiel de la sélection et de sa marge de progression. »
Ce discours peut être déchiffré ainsi : La sélection n’a pas pu faire plus, c’était là son niveau. Mais elle fera mieux la prochaine fois car elle est en mesure de progresser. On peut aussi penser que dans l’esprit de la FAF, Saadane a réussi là où d’autres avaient échoué depuis 1986 et il mérite qu’une nouvelle chance lui soit donnée à la tête d’une troupe qu’il connaît mieux que quiconque. Ajoutons enfin que les délais semblent trop courts pour aller à la recherche d’un nouveau sélectionneur, local ou étranger, alors que l’échéance des éliminatoires de la CAN 2012 est très proche, dès le mois de Septembre 2010. Et qu’il est difficile d’innover ou de faire la révolution dans un si court laps de temps.
On a également prêté à Mohammed Raouraoua des propos( à une chaîne de TV arabe) selon lesquels la qualification pour la CAN 2012 sera aisée, soit comme premier ou meilleur second…et que la qualification pour la CAN 2013 sera encore plus facile, puisque pour se qualifier, l’Algérie n’aura que deux matches à jouer contre une équipe de force moyenne. Point besoin donc de recruter un coach étranger sans doute coûteux, Saadane étant en mesure de faire face. Reste à vérifier la réalité et la véracité d’une telle déclaration, surtout que M. Raouraoua est trop avisé et prudent pour mésestimer de la sorte de futurs adversaires !!
Pour en revenir à la prorogation du mandat de Saadane, on doit s’interroger sur quelques points. 1. L’objectif à atteindre se résume-t-il à une simple qualification pour la CAN 2012 ? Ou bien est-il en fait plus ambitieux ? Podium, finaliste ou bien plus encore, à savoir, remporter le trophée ? 2. Quel que soit le résultat final de la nouvelle mission de Saadane, celui-ci devra - si l’on comprend bien - être remplacé ? Il en résulte que dés le début 2012, voire même en 2011 déjà, il faudra avoir présente à l’esprit l’identité de son successeur. Tant il est vrai que les éliminatoires pour la CAN 2013 et celles de la Coupe du Monde 2014, devront démarrer courant 2012 ! Sans jamais écarter la possibilité d’un renouvellement de confiance accordé à Saadane jusqu’en 2014 ….
A propos de coûts, notons que dans son communiqué officiel le bureau fédéral a indiqué que la FAF avait reçu, de la part de la FIFA, un montant équivalant à 684 millions de dinars et que l’ensemble des dépenses en rapport avec la participation à la Coupe du Monde (stages, voyages, transferts, primes et autres frais de mission) s’était élevé à 70 millions de dinars. Une vraie première dans le genre. Jamais auparavant la Fédération algérienne n’avait révélé le montant de ses dépenses et de ses recettes, lors d’un mondial. Et l’on peut dire que la FAF se retrouve ainsi parfaitement à l’aise sur le plan financier.
Peu de jours plus tard, le sélectionneur Saadane va communiquer la liste de 22 joueurs qui devront rencontrer, le 11 Août à Alger, le Gabon en un match amical. Mansouri et Saïfi ne sont plus là. Pas plus que Chaouchi. Il n’y a toujours pas de latéral droit mais 4 gardiens de but : M’bolhi, Gaouaoui, Zemmamouche de retour et arrivée d’un nouveau, Si Mohammed Cedric (JSM Bejaia). Pourquoi 4 gardiens de but, puisque 3 seulement peuvent figurer sur la feuille de match ? Rappel de l’attaquant Abdelmalek Ziaya (Ittihad Djeddah), « l’oublié » de la liste de la Coupe du monde. Tous les autres, présents en Afrique du Sud, figurent sans surprise dans la liste, à l’exception de Yahia qui sera suspendu lors du prochain match officiel, contre la Tanzanie.
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