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  L E   P A R C O U R S  
 

LES  ANNEES  DIFFICILES


Mais le temps n’était pas aux spéculations, car sur notre continent, les matches officiels se bousculent. Aussitôt une compétition terminée, en voici une autre qui se profile à l’horizon. Très peu de temps doit être consacré aux lamentations et regrets.


Le prochain rendez-vous officiel était la double confrontation Algérie-Guinée, dernière étape avant une possible qualification pour les Jeux de Mexico. Au lieu d’un aller et retour, la CAF fixe les 2 rencontres sur le terrain neutre marocain  de Casablanca. La première manche démarre assez bien pour les nôtres qui, par deux fois, mènent au score grâce à Lalmas, mais ils finiront par concéder le nul (2-2). Pour le second match, joué 4 jours plus tard, Leduc fait confiance au même groupe. De nouveau les algériens vont ouvrir la marque dès la 5° minute par Lalmas, mais la Guinée égalise et prend l’avantage presqu’instantanément, avant de prendre le large. Achour, entré en fin de match,  va réduire l’écart à la dernière minute (2-3). Nouvelle élimination donc. La chaleur torride qui a régné sur le littoral marocain,  en cette fin de mois de Juin, ne pouvait tout expliquer. Ces contre performances continuelles semblaient avoir miné le moral des joueurs, apparaissant comme incapables de se surpasser face aux difficultés. Ne disait-on pas aussi que certains d’entre eux affectionnaient désormais beaucoup plus les joutes et autres derbies entre clubs en championnat et coupe? Dans cette atmosphère naturellement tendue, « cela allait mal et cela allait durer ».


En effet,  en l’espace d’une année et malgré le changement d’entraîneur par deux fois, l’Algérie va, en 6 matches aller et retour, se retrouver boutée hors de la course à la qualification pour la Coupe du Monde 1970 et la Coupe d’Afrique de la même année. C’est d’abord la Tunisie qui vient à Alger, gagner en 2 minutes et grâce à deux buts de l’ailier Chekroun, après que l’Algérie  eut ouvert le score sur pénalty. Un très grand nombre de gens avaient jugé cette défaite surprise comme une véritable humiliation face à la « petite » Tunisie. Aussi l’atmosphère était-elle franchement détestable autour de la seconde manche présentée comme le « match à gagner à tout prix, le match de la survie ». Les pressions étaient ainsi  très fortes sur Leduc qui finira par convoquer pas moins de 7 expatriés : Haddi de Béziers, le rémois Tayeb, Bentahar alors à Lens, le tout nouveau Rachid Natouri d’Angoulême en plus de Lekkak, Mekhloufi et Salem. Et bien si l’équipe nationale n’a pas réussi à renverser la vapeur en n’arrachant que le match nul (0-0), synonyme d’élimination, le football algérien et le pays étaient grâce à Dieu toujours en vie. La seule victime, expiatoire en l’occurrence, fut Lucien Leduc.

C’est Saïd Amara, tout juste âgé de 36 ans,  qui est appelé à remplacer Leduc. Ancien membre de l’équipe du FLN, Saïd Amara avait brillamment été reçu au concours d’entraîneur sous l’égide de l’Institut National des Sports de Paris .Le seul ancien international algérien ,à ma connaissance, à être passé par cette prestigieuse filière de formation. Ce sera un court intérim qui lui  permet d’écarter le Maroc (2-0) à Alger et (0-1) à Agadir avant de se mesurer à la RAU pour la dernière chance de qualification pour la CAN 1970. Mais Amara cède aussitôt la place au duo Bentifour-Hamid Zouba. Si Bentifour avait mis la main à la pâte avec les Espoirs, Zouba en était à son coup d’essai. Pas de bouleversements dans l’équipe sauf à signaler le retour de Lalmas à la tête d’un groupe de 5 belcourtois. La courte défaite (0-1) au Caire laisse augurer d’un possible renversement de situation au retour à Alger.  En marquant dès la 9° minute Khalem  va faire chavirer un stade des Anasser débordant de tous côtés et faire renaître l’espoir d’une qualification. Sur ce terrain où le Chabab de Belcourt avait signé tant d’exploits et  inscrit tant de buts, les offensives algériennes ne vont point cesser. Mais la défense égyptienne tient bon, ce qui finit par décourager les nôtres impuissants à aggraver le score. Et c’est au contraire Hassan Chazli, Mr But qui, comme à l’aller,  va marquer et ainsi égaliser. Les visiteurs manquent même d’aggraver le score à deux reprises, toujours par Chazli et par la future star égyptienne l’élégant Abugreisha.


Eliminée de tout, notre équipe n’avait plus que des matches amicaux à se mettre sous la dent , au cours desquels elle aura notamment à subir la loi (1-3) à Alger des Nord Coréens, loin pourtant de la pétillante génération qui avait illuminé la Coupe du Monde de 1966. Une situation unique: notre sélection va alors passer 1 an et 5 jours sans disputer le moindre match. Bentifour quitte la barre. C’est à Zouba, seul, de diriger les opérations pour deux  nouveaux face à face  Algérie-Maroc (CAN) et  Algérie-Mali (JO). Cette saison internationale sera aussi maigre que la précédente. Elle sera également tout aussi négative à savoir élimination des 2 compétitions. Pourtant lors du match aller (3-1) contre le Maroc, Khalem, très en verve, avait réussi à égaliser juste avant le repos et d'ajouter un doubléen seconde mi-temps et complèter ainsi un très beau hat-trick après que le Maroc eut ouvert le score dès la 6° minute . Mais le net (0-3) encaissé à Casablanca, grâce aux 6 minutes généreuses additionnelles de l'arbitre sénégalais N'Gom, ne laissa aucune chance aux nôtres.


La fin  de l’année 1970 verra la disparition tragique, dans un accident de voiture de Abdelaziz Bentifour, alors entraîneur de la JS Kabylie.Décès aussi, début Janvier 1971, dans un accident d’avion, du Dr Maouche, qui, depuis 2 ans déjà, avait lâché les rênes de la Fédération pour se consacrer à la CAF. Qu’ils reposent en paix !


En vue de préparer l’échéance du Mali que va faire Hamid Zouba ?? En l’occurrence 2 matches en aller et retour contre l’équipe de France Espoirs à Oran d’abord en Janvier (défaite 1-2) ensuite début Mars à Paris, nouvelle défaite catastrophique (2-7) dans des conditions climatiques polaires et un véritable gâchis du point de vue de l’organisation et de la  préparation. La débâcle  de St Ouen finissant par déboucher sur une « rébellion » de la part de certains joueurs. Six  d’entre eux, seront sévèrement sanctionnés et suspendus  aussi bien en équipe nationale que dans leurs clubs respectifs.

Dans une telle ambiance, face  au Mali, il ne pouvait y avoir de miracle .Courte défaite (0-1) à Bamako et nul seulement (2-2) au retour pour les Verts qui n’arrivent pas  à redresser la situation. Qui dit double élimination dit limogeage de l’entraîneur. Exit donc Zouba .


 Dès le mois suivant, la sélection  se rend en tournée en URSS à l’invitation de la Fédération soviétique. Smaïl Khabatou  chargé de succéder à Zouba , va faire dans le « bric et le broc » pour réunir un onze inédit où ne figurent que 4 titulaires habituels, internationaux en titre, à savoir : le gardien Ouchen, Tahar , Salhi Abdelhamid et Braik dit Banus . Après 2 matchs joués et perdus face à des clubs de seconde zone, rendez-vous est fixé pour le dimanche 23 Mai au stade du Dynamo de Moscou, finalement préféré au stade Lénine initialement prévu. L’équipe d’URSS préparait son match officiel de Coupe d’Europe des nations, programmé pour le 30  Mai contre l’Espagne. C’est donc une vraie sélection  A  d’URSS qui ne fait pas de détail et va étriller  (0-7) notre sélection algérienne de raccroc. Nouvelle déroute donc en l’espace de 2 mois ! De notre côté, rien de nouveau, le bricolage se poursuit. Du côté de l’URSS et à un élément prés, victoire précieuse (2-1) une semaine plus tard, face à l’Espagne. Ce match disputé par l’URSS contre  l’Algérie, ne figurera  pourtant pas dans les archives officielles soviétiques et  ce à la demande de la partie algérienne qui a avancé,  à juste titre, que le onze présent à Moscou n’était pas une sélection A, véritablement représentative.


Fermons la parenthèse de cette situation chaotique pour dire que le relais va passer de Khabatou à Rachid Mekhloufi, âgé alors de 35 ans. Ce dernier rentré au pays, après avoir quitté Saint Etienne puis Bastia, couvert de gloire notamment avec l’AS St Etienne où il avait embrassé la carrière professionnelle à moins de 20 ans.


Dès le début de la saison 1971-72, la sélection va entamer une série de matches amicaux  qui fourniront l’occasion de mettre, pour la première fois dans le bain, une nouvelle vague de joueurs parmi lesquels certains, tels Gamouh, M. Dahleb, Khedis et Fendi, entameront là une belle carrière internationale. L’avant centre Rachid Dali, chasseur de buts impressionnant, s’affirme également, même si son parcours sera plus court. Omar Betrouni, quant à lui, refait son apparition. Par ailleurs les défenseurs d’expérience Tahar et Madani vont trouver grâce aux yeux du nouveau sélectionneur. Après deux matches nuls (0-0) face à la Libye et Malte (1-1), l’équipe nationale se rend à Bagdad pour prendre part à la Coupe de Palestine (plus tard Coupe Arabe). Prestation mitigée des nôtres qui obtiendront la 3° place du tournoi.


 Mais voici déjà des choses plus sérieuses, en l’occurrence, une double confrontation avec la Guinée pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1974. Khalem  rappelé  au centre de l’attaque va marquer le seul et unique but  de la partie à l’aller à Alger. Cependant lui et Madani seront absents lors de la sévère correction (1-5) subie à Conakry. Maxime et Cherif Souleymane, qui nous avaient déjà éliminé en 1968 à Casablanca, étaient toujours présents, ayant reçu en plus l’appoint du virevoltant Petit Sory. L’Algérie enregistrait là sa plus lourde défaite dans une compétition officielle.

Respectant le programme  arrêté à l’avance, les poulains de Mekhloufi vont recevoir et battre Malte (1-0) avant d’aller perdre  (1-3) à Tunis en deux matches amicaux qui laissèrent tout le monde indifférent. C’est à peine si certains avaient noté le rappel des « anciens » Seridi, Lalmas, Khalem et Amirouche. En vain. Les revers n’empêcheront pas Mekhloufi d’être chargé de constituer une sélection des pays du Maghreb devant prendre part au tournoi inaugural, en Juin, du nouveau stade de la capitale : le stade du 5 Juillet. En même temps, il s’était vu confier la direction collégiale de la sélection d’Afrique, devant pour sa part aller participer au Brésil, à un tournoi intercontinental baptisé : La Coupe de l’Indépendance. Pour ce tournoi qui débuta au mois de Mai,  Mekhloufi avait d’ailleurs sélectionné la paire de défenseurs centraux algériens Tahar et Hadefi. Et alors qu’il s’apprête à rentrer, Mekhloufi apprend que la responsabilité de la  sélection du Maghreb lui avait été retirée pour être confiée à Kamel Lemoui. Il prendra très mal la chose et démissionnera. Il sera resté en tout et pour tout 8 mois à la tête de la sélection algérienne.


 Pour la petite histoire, je signale que le  tournoi inaugural du stade du 5  juillet a été remporté par la sélection du Maghreb (1-0), but du tunisien Chekroun, face au  Palmeiras de Sao Paulo (vainqueur de l’AC Milan en demi finale). Il y avait dans cette sélection : 5 marocains, 3 tunisiens aux côtés des Algériens : Zenir, Khedis, Barkat, Betrouni et Lalmas. En demi-finale,  la sélection s’était débarrassée d’un combiné de Budapest (2-0). L’honneur du premier but inscrit dans ce nouveau stade revenant à l’attaquant marocain du Mouloudia d’Oujda, Mohammed FILALI .


Après cet intermède et des vacances méritées pour tous, ce sont les duettistes El Kenz et Sellal qui se verront confier la direction de l’équipe nationale. Cet intérim couvrira  la participation aux Jeux Africains de Lagos. Pour s’y préparer la sélection va recevoir et battre (1-0) la Turquie.Cela a constitué le premier match international que notre sélection disputait au stade du 5 Juillet d'Alger.Et c'est Rabah GAMOUH qui aura eu l'insigne honneur d'inscrire ce premier but, historique, pour notre équipe nationale. A noter que le match n’est pas allé à son terme en raison du brouillard épais en cette soirée d’Octobre 1972.  Victoire aussi un mois plus tard en match amical à Tunis (2-1).  


Au mois de Janvier à Lagos, les Verts commencent par s’imposer facilement (4-2)  face à une faible équipe tanzanienne, réussissent le nul contre les Nigérians favorisés par un arbitrage scandaleusement partial. Ce qui fit sortir de ses gonds Miloud Hadefi qui protesta puis arracha le carton rouge des mains de l’arbitre en le jetant à terre. Il finira expulsé !! Le dernier match du groupe sera perdu contre le Ghana (0-2) qui nous barre la route des demi- finales. R. Dali (4) et M. Dahleb (2) furent les buteurs d’un ensemble, loin d’être ridicule. L’intérim El Kenz-Sellal  s’achèvera un mois plus tard avec une sévère revanche (0-4) de la Turquie, à Izmir.

Saïd Amara est de retour à la tête de la sélection pour essayer de décrocher une qualification pour la CAN 1974, face à l’Ouganda. La double opposition débouche sur une nouvelle élimination de l’Algérie (1-2) à Kampala et (1-1) à Alger. Entre ces deux rencontres, notre sélection avait accueilli le Brésil qui n’était plus celui de Pélé mais de Rivelino. La pelouse en tartan du stade du 5 Juillet n’empêchera pas la victoire des visiteurs (0-2), pas plus que ne l’avait fait le tuf d’Oran en 1965. Au cours de ces matches, Amara va lancer, dans le bain international, des joueurs au talent prometteur et qui ne décevront point ses attentes. Je veux parler de Aïssa Draoui le lutin, futur meneur de jeu de la sélection, de Ali Fergani, futur capitaine  et entraîneur national des Verts, Djamal Keddou,  ou encore Ali Meziane Ighil, lui aussi futur entraîneur national. Il sélectionnera également Abdelghani Djadaoui, professionnel à Sochaux et lui aussi  appelé plus tard à diriger la sélection quelques  trente années plus tard.


Saïd  Amara n’était à l’œuvre que depuis 2 mois. L’on commençait à s’habituer aux éliminations aussi régulières qu’inévitables, c’est pour cela qu’il va poursuivre son travail uniquement avec des matches amicaux. Mais la Coupe de la Palestine, disputée en Libye, va représenter une série de 6 rencontres officielles. L’Egypte, le Maroc et la Tunisie ne sont pas là et l’Algérie s’adjugera à nouveau la 3°place.

On retiendra de ce tournoi qu'il aura permis à l'Algérie de réaliser le plus gros score de son histoire (15-1) face à la République démocratique du Yemen, ainsi qu'à l'attaquant de l'USM Blida, Nasreddine AKLI, d'inscrire 6 buts au cours d'un même match international et également à Abdelhafid FENDI de marquer le 100° but de la sélection algérienne et enfin à Nacer Guedioura d'être le plus jeune international à inscrire un but (en fait 2 ce jour-là) en sélection nationale. Autant dire, 3 records absolus pour un même match et qui restent encore à battre à ce jour...

Avant de claquer la porte pour retourner dans sa  ville de Saïda, Amara va, en match amical,  diriger  une dernière fois la sélection pour une victoire (2-0) sur le Maroc à Alger.


Depuis environ trois années, à l’initiative des dirigeants de la Sonatrach, une expérience de prise en charge d’un club de football par une société nationale était en cours. Le sport à l’entreprise qui s’étendra ensuite à d’autres disciplines était lancé. Grâce aux contacts établis avec ses homologues roumains, la Sonatrach avait pu obtenir des éducateurs–formateurs en vue d’encadrer le Club Sportif Sonatrach Kouba (CSSK) rebaptisé  Naft Athlétique Riadi (NAR),  créé à partir des effectifs du RC Kouba choisi pour ce premier test. Dumitru Makri et son assistant Pietr Mindru en ont eu la charge.


Pourquoi le RC Kouba me direz-vous ? Tout simplement parce que l’instigateur de cette idée était Nordine Aït Laoussine, joueur du RCK, avant l’indépendance du pays et à cette époque haut dirigeant à la Sonatrach.

Ne sachant plus à quel saint se vouer après toutes ces éliminations, la Fédération et le Ministère des sports trouveront tout naturel de « chiper » Makri, afin de le mettre à contribution pour remettre d’aplomb une sélection nationale, psychologiquement mal en point. Des échéances officielles auront lieu dans un an, mais Makri ne perd pas de temps en organisant toute une série de matches amicaux…Le bilan tant amical qu’officiel sera  désastreux. Avec même une défaite (0-1) à Alger face à Cuba. Vous imaginez, « l’ogre cubain » !!! Mais aussi deux éliminations douloureuses des pieds de la Tunisie, laquelle, en l’espace de 2 mois, nous barrera la route de la CAN 1976 et des Jeux de Montréal de la même année.


Le bref passage de Makri fut marqué par le retour en sélection d’Ahcène Lalmas, « sur la touche » depuis 2 ans ! Retour et départ instantané et définitif, de cette figure emblématique du football algérien durant les années 60 et 70, davantage - faut-il le reconnaître - à la tête de son club du Chabab de Belcourt  (rebaptisé plus tard Chabab de Belouizdad) qu’en sélection.  International à moins de 20 ans, il n’aura finalement joué que 36 fois en équipe nationale avec tout de même 12 buts à son actif.

La boucle était ainsi bouclée. En 7 années, l’équipe nationale a été engagée à 9 reprises dans des éliminatoires. Trois fois pour les JO, deux fois pour la CDM et quatre fois pour la CAN. Tout ceci avec 8 changements d’entraîneur national, mais aussi 3 présidents de Fédération et 2 Ministres de la Jeunesse et des Sports !! Elle n’aura pas réussi à se qualifier une seule fois. A croire que pour notre sélection, éliminatoire est synonyme d’élimination...sans possibilité de qualification.


 

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