UNE ETAPE CRUCIALE
Un peu moins d'un mois plus tard, le dernier match du groupe H s’est terminé par une courte victoire de l’Algérie (1-0) à Blida, prenant ainsi sa revanche sur le Mali qui l’avait battue (1-2) en Juin 2012, sur terrain neutre, à Ouagadougou. Un match sans véritable enjeu sportif ou mathématique qui aura permis de constater sur pièce, les insuffisances dont souffre notre sélection. Création de jeu plus qu’approximative pour ne pas dire inexistante ; nos joueurs se sont avérés incapables de réussir 3 passes successives et retour de ces longues balles impossibles à exploiter par le seul attaquant de pointe Nabil Ghilas ou par son compère Soudani. En face, les maliens ont contrôlé le jeu et le ballon, avec une déconcertante facilité. Heureusement pour nous, il leur a manqué la percussion et la finition : le gardien M’bolhi ayant été finalement rarement mis en danger.
A la décharge de notre sélection et pour atténuer ce bilan inquiétant, on peut préciser que sur décision de l’entraîneur Halilhodzic, Belkalem, Feghouli,Guedioura et Slimani ont été laissés sur le banc afin de leur éviter un second carton jaune, synonyme de suspension pour les futurs matches de barrage d’Octobre/Novembre 2013. Absences volontaires venues s’ajouter à celles des blessés Cadamuro et Lacen, libérés par le coach et celle de Brahimi ménagé.
Après 18 mois d’absence pour blessures répétitives, le retour, au milieu du terrain, de Hassan Yebda, promu titulaire 90 minutes durant, aux côtés de Mostefa-Sbaa et Taïder n’a pas aidé à composer un milieu créateur mais au contraire à en aggraver le déficit, car Yebda et Taïder ne sont pas en mesure d’accomplir de telles tâches.
Après une mi-temps (0-0) où les nôtres ne se sont « réveillés » que lors des 5 dernières minutes par des rushes désordonnés, et deux tentatives de Djabou et Taïder, lesquels ont failli faire mouche, la seconde période débute avec quelque peu de couleurs. Et dès la 51° minute c’est le capitaine Bougherra qui rompt avec ses habitudes de longues balles aériennes et adresse du rond central une très belle passe à ras de terre et en profondeur, dont Soudani saura faire le meilleur usage pour prendre de vitesse son vis-à-vis et aller inscrire ce qui sera le seul but de la partie.Signalons ici que Bougherra, qui n’a pourtant encore disputé aucun match de championnat avec son club, a été le meilleur algérien sur le terrain.
Ce match aura marqué les débuts en équipe nationale de 2 nouveaux, convoqués en dernière minute, tous deux issus du championnat national et tous deux milieux de terrain. Amir KARAOUI a remplacé Mostefa-Sbaa pour jouer 27 minutes.Hocine EL ORFI, pour sa part, prendra la place de Taïder et jouera 3 minutes. Quant à Belfodil, il fera, en toute fin de rencontre, une apparition fantomatique, à la place de Ghilas. Pour terminer, notons que Bougherra et Yebda ont écopé d’un carton jaune chacun, ce qui porte désormais à 6 le nombre des joueurs sous la menace d’une suspension.
Halilhodzic, qui n’était pas rassuré, a estimé « nous méritons cette victoire »avant d’ajouter : « …mon vrai souci est l’état physique de mes joueurs…dont le manque de rythme m’inquiète. »Les médias algériens n’ont pas été « méchants » avec la sélection. A l’étranger, France Football a titré « L’Algérie en beauté », cependant que RFI jugeait : « L’Algérie finit bien. ».
Cette dernière journée fut marquée par un coup de tonnerre, l’élimination à domicile de la Tunisie face au Cap Vert (0-2)…une élimination qui n’aura en fait duré que quelques jours jusqu’au moment où la FIFA a finalement disqualifié le Cap Vert pour avoir aligné contre la Tunisie un joueur qui n’avait pas encore fini de purger ses 4 matches de suspension et a ainsi requalifié la Tunisie pour les barrages d’Octobre/Novembre. Un Cap Vert qui aurait dû être plus vigilant, lui qui avait su récupérer des points au détriment de la Guinée Equatoriale, pour une raison similaire !!
Il ne reste plus qu’à attendre le résultat du tirage au sort des matches de barrage, prévu le lundi 16 Septembre au Caire. L’Algérie, désormais 28° au classement FIFA et 3° sur le plan africain, se retrouvera dans le premier chapeau, celui des 5 meilleures équipes du classement, en compagnie de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Nigeria et de la Tunisie. Ces 5 sélections seront opposées aux 5 suivantes du classement, placées dans le second chapeau à savoir : Burkina Faso, Cameroun, Egypte, Ethiopie et Sénégal. De beaux duels en perspective pour déterminer les 5 représentants de l’Afrique au Mondial brésilien de 2014.Ethiopie et Burkina Faso étant les deux seuls pays à n’avoir encore jamais goûté à une qualification pour la Coupe du Monde.
Le tirage au sort a rendu son verdict. Il y aura effectivement de beaux duels en perspective (aller en Octobre et retour en Novembre). L’adversaire de l’Algérie sera le Burkina Faso, finaliste de la dernière CAN 2013 en Afrique du Sud. Un soulagement certain du côté de la partie algérienne de ne pas avoir à rencontrer l’Egypte dans cette double confrontation, après la fâcheuse expérience vécue et subie, par notre sélection, au Caire en Novembre 2009. Les nombreux avis exprimés ont aussi montré une certaine retenue à propos du résultat des 2 matches à venir, tout en précisant que l’Algérie avait toutes ses chances, d’autant que le second match se déroulera en Algérie.
Le coach algérien s’est contenté d’un laconique « c’est jouable » tout en faisant à nouveau part de son inquiétude concernant le manque de compétition de certains de ses joueurs.
Curieusement, on a noté une satisfaction non dissimulée des burkinabés (anciens joueurs et journalistes) de disputer ce barrage face à une sélection algérienne « largement à leur portée » (sic). Quelques déclarations frisaient même l’euphorie ! Tous ne cachaient pas leur satisfaction d’avoir évité un duel fratricide ouest-africain, face à la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Nigéria. Personne n’était donc mécontent. Le dernier mot restera au terrain.
Les autres affiches tirées au sont : Côte d’Ivoire – Sénégal ; Ethiopie - Nigeria ; Ghana - Egypte et enfin Tunisie - Cameroun.
Dès le 23 Septembre, Halilhodzic rend publique une liste de 36 joueurs, comprenant 5 gardiens de but, 11 défenseurs, 14 milieux de terrain et 6 attaquants. Il ne manquait pratiquement personne. Pour aller jouer le 12 Octobre à Ougadougou, le coach a réduit cette liste à 26 joueurs. L’absence du jeune attaquant de l’Inter, Ishaq Belfodil fit couler beaucoup d’encre. La date de départ étant fixée au 10 Octobre, cela ne laissait que 4 jours de stage disponibles.Pas de quoi s’alarmer puisque toutes les équipes étaient « logées à la même enseigne ».
La préparation s’est déroulée exceptionnellement sans aucun blessé et l’environnement du match et le voyage vers la capitale du Burkina Faso ont été l’objet de beaucoup d’attentions. Et notamment l’organisation du déplacement, par avions spéciaux, d’environ 1200 supporteurs algériens à partir d’Alger.
Sur place le jour du match la température était très élevée 38° à l’ombre. La sélection alignée ne comportait pas de grosses surprises si l’on excepte la présence de Hassan Yebda aux lieu et place de Guedioura, dans un milieu de terrain à 3 en compagnie de Medjani et Taïder. Belkalem retrouvait sa place au centre de la défense avec Bougherra devant le gardien M’bolhi. Feghouli, Slimani et Soudani composaient le trio d’attaquants.
La sélection algérienne va se mettre en mouvement dès la 4° minute grâce à Soudani qui échappe à son défenseur pour centrer sur Slimani qui malheureusement rate sa reprisede la tête. Coup dur pour la sélection burkinabé : à la 7° minute Bakary Koné, pilier de la défense, blessé, quitte le terrain.Les deux équipes vont alterner les offensives avec une légère domination du ballon par les algériens. Cette situation se poursuivra pendant 25 minutes à l’issue desquelles le Burkina Faso desserre l’étau et se fait plus menaçant par le milieu offensif Djakaridja Koné, Pitroipa et surtout Bancé, dont les tentatives vont néanmoins passer largement au dessus des buts de M’bolhi. A la 38° minute, sur une rapide offensive algérienne, Feghouli réussit à pénétrer, balle au pied, dans la surface adverse. Accroché par la jambe d’un défenseur, il s’écroule. L’arbitre zambien ne bronche pas.
La tonalité du jeu reste la même et 4 minutes plus tard, Pitroipa quitte sa zone droite, élimine Mostefa-Sbaa et s’en va vers le but. Mais il est rattrapé et irrémédiablement fauché par Belkalem. C’est le pénalty indiscutable qui est accordé et Bancé chargé de l’exécuter échoue face au gardien algérien qui va détourner le tir. Sur leur lancée les burkinabés vont permettre à Pitroipa, encore lui, de s’infiltrer au centre de la défense algérienne pour devancer tous nos défenseurs et marquer d’une belle tête le premier but de la partie. Son garde du corps Mesbah, pris de vitesse, une fois de plus, s’est contenté de se tourner vers le juge assistant pour savoir si un hors jeu allait être signalé. Il n’y avait pas de hors jeu et la mi-temps survenait ainsi sur ce score de 1-0 en faveur de la sélection locale.
En l’espace de quelques minutes, à trois reprises, Pitroipa a abandonné son aile droite pour se déporter vers le centre du terrain. Il a d’abord tiré dehors, il a ensuite obtenu un pénalty et il a enfin marqué de la tête. Tout le monde savait que c’était là l’ennemi numéro 1, mais pas une seule fois son vis-à-vis Mesbah ne l’a suivi. Lui qui joue en Italie, devrait pourtant savoir ce que signifie le « marquage à la culotte ». Il était hors du coup. Et pour cause, depuis le début de la saison, il n’a presque pas joué avec son club de Parme !
Au début de la seconde période les algériens vont apparaître comme plus entreprenants. Et de fait, après 4 minutes, Slimani décalé sur la droite arrive à servir Feghouli au centre de la surface. Ce dernier, d’un crochet court, évite un adversaire et adresse un tir soudain qui va se loger dans le coin gauche du gardien burkinabé qui n’a pas eu le temps d’esquisser le moindre geste. Ce fut là le signal d’offensives algériennes, lesquelles en 6 minutes auraient pu véritablement décider de l’issue du match, tant les occasions offertes à Soudani 52’, Slimani 54’ et Feghouli 58’, étaient nettes, surtout celle de Soudani à un mètre des buts. C’est à ce moment-là qu’il fallait « tuer » le match ! Ils n’y ont pas réussi et auront à « s’en mordre les doigts ».
Le Burkina, une fois de plus va relever la tête, c’est bien le cas de le dire, lorsque tout de suite après cette belle séquence algérienne, Bancé va prendre le meilleur sur Belkalem. Heureusement son coup de tête passera au dessus de la barre transversale. La réaction des burkinabés se poursuit et, à la 65° minute, Djakaridja Koné, venu de loin, « passe en revue » et Yebda et Mostefa-Sbaa pour s’échapper sur la gauche et d’un tir croisé, va battre M’bolhi très mal placé sur sa ligne. Mais il était dit que ce match se déroulerait au coup par coup, puisque les algériens repartent de l’avant et bénéficient de 2 corners. Sur le second, bien servi par Taïder, Medjani devance tout le monde pour dévier de la tête dans les buts le ballon de l’égalisation à 2-2.
Le tir de Guedioura qui a pris la place de Yebda, passe au dessus de la transversale. Il va aussi immédiatement écoper d’un carton jaune qui le privera du prochain match officiel. Feghouli quitte son aile droite pour se lancer dans l’axe. Au lieu de servir soit Slimani, soit Soudani, il préfére s’engouffrer dans la surface avec trop de précipitation et tombe de tout son long sans avoir pu mener à bien ce qui pouvait être une action décisive.
Taïder, vraiment transparent, lors de ce ce match cède sa place à Lacen. De son côté le jeune attaquant burkinabé, Bernard Traoré, 18 ans, fait son entrée et se distingue aussitôt. Son tir du gauche heurte le corps de Belkalem pour revenir en jeu…Mais stupeur dans le camp algérien, le juge assistant, mozambicain, a levé son drapeau et s’est dirigé vers les buts de M’Bolhi signifiant un pénalty, qu’il est le seul à avoir vu. L’arbitre n’avait pas du tout réagi à cette action anodine, mais il va suivre l’avis de son assistant. Les images de la TV ont démontré que Belkalem s’est opposé au tir de Traoré, en prenant soin de garder les bras bien derrière son dos tourné, alors qu’il était en dehors de la surface de réparation. Comment le juge assistant a-t-il pu inventer une faute si imaginaire ?
Les protestaions algériennes ont duré un temps infini…Elles furent inutiles. Bancé qui avait échoué en première période, se présente à nouveau et réussira à marquer un troisième but sur ce pénalty litigieux. La fête était gâchée. Les locaux n’en démordent pas et à la suite d’une fulgurante contre-attaque ont manqué de très peu d’aggraver le score. La volonté de réaction des algériens ne se dément pas non plus, puisque Kadir,entré en remplacement de Feghouli, va tout aussitôt rater l’occasion d’égaliser à la 95° minute d’une seconde période qui aura connu 7 longues minutes de temps additionnel. Déception, frustration et colère se lisaient sur les visages des joueurs algériens. Halilhodzic, hors de lui, a été heureusement empêché de s’en prendre au quatuor arbitral. Il a ensuite, et à tort, choisi de boycotter la conférence de presse d’après match. Tout le monde, les 1000 supporteurs compris, allait repartir avec le sentiment d’une défaite tout à fait injuste.
Le bilan de cette rencontre est à la fois négatif et positif. Négatif car il s’agit là d’un revers injuste ou immérité mais d’un revers tout de même. Positif aussi, car les algériens n’ont jamais « baissé les bras » et jusqu’à la dernière minute, surent faire preuve de caractère et déployèrent des capacités de réaction certaines, qu’on ne leur connaissait pas, d’autant que les conditions atmosphériques étaient quasiment exceptionnelles, à tel point que le referee zambien eut par 2 fois à suspendre la partie, appliquant ainsi les récentes directives de la FIFA, en vue de permettre à tout un chacun de se désaltérer.
Comme il fallait s’y attendre, en Algérie et hors d’Algérie, les commentaires ont été dominés par la décision étrange de l’arbitre et de son juge assistant qui a offert la victoire au Burkina Faso tout en privant les algériens d’un match nul parfaitement mérité. Ce fut là pour moi, l’opportunité de découvrir que la FIFA, qui, à travers son site Fifa.com, utilise les services des agences de presse, ne se prive pas de censurer leurs dépêches.
Sur ce site, la relation qu’en faisait l’AFP en langue anglaise, m’est apparue étrangement silencieuse au sujet du pénalty litigieux. En allant exceptionnellement consulter le site de la CAF, j’ai « découvert le pot aux roses ». Dès la première phrase de la même dépêche, publiée in extenso, l’AFP se réfère au pénalty « late and disputed » (tardif et contesté) et dans le second paragraphe explique, je cite : «Essaid Belkalem semblait avoir les bras derrière le corps quand le ballon l’a touché, 4’ avant la fin du match.Mais l’assistant de l’arbitre zambien a insisté pour dire qu’il s’agissait d’une main et Bancé s’est rattrapé…. »
Dans FIFA.com l’adjectif « contesté » a été omis et le second paragraphe explicatif suivant a complètement disparu !!
C’est ainsi que la FIFA procède pour protéger les arbitres et assistants incompétents qu’elle a elle-même désignés.
A ce sujet, je pense que Mr Raouraoua, en sa double qualité de membre du Comité Exécutif de la CAF et de la FIFA, était légitimement en droit d’exiger que la direction de matches, aussi sensibles et décisifs que peuvent l’être ces barrages, revienne à des arbitres et juges assistants expérimentés, formant un groupe homogène. Il ne s’agit pas là d’une faveur quelconque, mais d’une requête visant à éviter la désignation d’un quatuor hétéroclite d’arbitres quasiment inconnus et venant de 4 pays différents, comme ce fut le cas pour ce match Burkina Faso-Algérie : 1 arbitre zambien Janny SIKAZWE, 1 juge assistant angolais, un second mozambicain et un quatrième arbitre du Botswana. Ces personnes ont parfaitement le droit d’exercer leur métier, mais il existe suffisamment d’opportunités, lors des nombreuses et différentes compétitions africaines pour leur permettre de montrer leurs aptitudes et progresser. Il est tout de même curieux de constater que seul le match de Ouagadougou a connu ce « privilège » d’arbitres et juges inconnus. Les 4 autres matches de barrage ont tous été confiés à des équipes d’officiels confirmés.
En conclusion, on peut affirmer que les algériens auraient dû concrétiser les occasions très franches, créées en seconde période. Ils ne devront s’en prendre qu’à eux-mêmes. Cela aurait ainsi transféré dans la rubrique anecdotique une erreur d’arbitrage qui a eu un impact considérable. Ceci dit, les dés sont loin d’être jetés… les nôtres n’ont pas démérité. Leurs chances restent intactes pour la seconde manche à Blida que la sélection algérienne se doit de remporter sans discussion ! Halilhodzic pourrait revoir son milieu à 3 récupérateurs et il devra trouver une solution pour remplacer Belkalem et Guedioura suspendus pour cumul de cartons jaunes.
Durant le même week end, les autres matches de barrage ont vu la Côte d’Ivoire s’imposer à domicile 3-1 face au Sénégal, pendant que le Nigeria allait battre l’Ethiopie chez elle 2-1 alors qu'à Tunis le Cameroun a su arracher un match nul et vierge 0-0. Enfin le mardi suivant, à Kumasi, on eut droit à un tonitruant 6-1 du Ghana face à une Egypte totalement méconnaissable.
En prévision du match retour, Halilhodzic fait publier une liste de 37 joueurs, dans laquelle il ne manque quasiment personne…La nouveauté étant constituée par la présence du jeune latéral droit du Stade de Reims (L1 France) Aïssa MANDI. On note tout de même le retour du latéral droit Abderahmane Hachoud et de Ryad Boudebouz. Les suspendus Belkalem et Guedioura ne figurent pas dans la liste. Les présélectionnés ne seront finalement que 26 au moment de rejoindre leur lieu de stage à Sidi Moussa, 7 jours avant le rendez-vous du 19 Novembre à Blida. Parmi les joueurs écartés Rafik Halliche, Mohammed Ziti, Karim Agouazi, Hamza Koudri, Ryad Boudebouz et M.A. Aoudia. Après 2 jours de stage, Rafik Djebbour est appelé à la rescousse afin de remplacer Nabil Ghilas blessé et renvoyé dans son club pour se soigner.
Les intempéries et le temps instable ont finalement fait leur apparition en ce mois de Novembre et chacun s’interroge sur la qualité de la pelouse du stade Mustapha Tchaker. Les visites et inspections sur place ont rassuré tout le monde. Il n’y avait plus qu’à « entrer en scène ».
Tous les billets ont été vendus en quelques heures dès le premier jour, dans une cohue indescriptible qui causa des blessures à une cinquantaine de personnes dont 3 policiers. Six heures avant le coup d’envoi, le stade était plein et les portes fermées. C’est un euphémisme de dire que l’attente était grande. Il ne venait à l’idée d’aucun algérien que l’Algérie, à domicile, ne saurait ou ne pourrait composter son ticket pour le Brésil 2014, face à une équipe du Burkina Faso qui n’arrivait pas en victime désignée ! Les mises en garde ne faisaient toutefois point défaut sur un optimisme exagéré, à commencer par Halilhodzic qui s’employa à faire savoir à tout le monde que le match sera très difficile en insistant sur la rigueur défensive dont son équipe devait faire preuve. Et fait inhabituel, il mettra en garde en citant même le nom du « très dangereux Pitroipa » !
Dans la formation retenue par Halilhodzic, Zemmamouche prenait la place de gardien, pour son cinquième match international. Medjani recula d’un cran pour occuper la place du suspendu Belkalem. Pour ce match ô combien important, le coach algérien aura tout de même osé… En plus d’avoir sacrifié M’bolhi, il fera aussi confiance à Khoualed et Ghoulam pour les postes de défenseurs latéraux (respectivement 3 et 4 sélections seulement). Mostefa-Sbaa a retrouvé son poste naturel de milieu défensif, aux côtés de l’inattendu Lacen préféré, à la surprise générale, au jeune Taïder. Yacine Brahimi (4 sélections) se voit confier la responsablité d’animateur offensif derrière Feghouli, Soudani et Slimani.
Du côté burkinabé on remarque l’absence de Bancé et Alain Traoré.
Si l’attente était grande, la tension, elle, était immense. Des deux côtés le manque d’idées et d’imagination prendra le dessus sur l’enthousiasme, la fougue que l’on pouvait attendre d’un tel match. La crispation, la fébrilité, l’extrême prudence et bien entendu les ratés furent la règle. Il faudra attendre la 22° minute pour qu’à l’issue de bons échanges sur la gauche, Ghoulam adresse un centre parfait pour Slimani qui se précipite, lui pourtant très bon de la tête et rate le cadre en frappant le ballon de la…nuque. Une belle occasion, la seule si l’on excepte le tir de Brahimi à la 44° minute facilement arrêté par le gardien.
Ajoutons que Bougherra a « frôlé la correctionnelle » pour un tacle très dangereux, qui, par chance, ne lui vaudra qu’un carton jaune. En cause ses montées offensives, balle au pied, qui souvent se terminent en queue de poisson. Dans ce cas précis, essayant de récupérer le ballon qu’il était en train de perdre, il s’élança vers l’adversaire les deux pieds décollés du sol ! Gentil, Mr Badara Diatta, l’arbitre sénégalais. Ghoulam, bien présent sur son flanc gauche va se montrer trop présomptueux en envoyant dans les nuages les 2 coups francs qu’il eut à exécuter à 30/35 mètres environ des buts adverses. Zemmamouche passa une mi-temps très tranquille puisque les attaquants burkinabés, mis sous l’éteignoir, furent incapables de lui adresser le moindre tir.
Quatre minutes après le retour des vestiaires, notre sélection bénéficie d’un nouveau coup-franc, aux 25 mètres, sur le côté droit de l’attaque algérienne. Ghoulam sera cette fois-ci plus sobre en choisissant d’envoyer un centre sur la tête de ses camarades. Le tir est dévié vers l’arrière par un joueur du Burkina. Le ballon atterrit à 2 mètres des buts du gardien Diakité qui arrive à repousser une pichenette de Bougherra, mais le ballon rebondit, s’élève et se dirige vers les buts. Dans une tentative désespérée, le défenseur central Bakary Koné tente un retourné sur la ligne. En vain. Puisque sur son dégagement pourtant réussi, le ballon va heurter la tête de Bougherra et finir sa course dans les filets. Le score est ouvert.
Deux minutes plus tard Feghouli, reçoit une belle passe de Slimani, à la limite des 16 mètres, malheureusement son tir complètement raté finira sa course très loin des buts. Il n’était vraiment pas dans son jour. Encore quelques minutes et le très beau tir en pivot de Slimani passe de peu à côté du cadre.
L’Algérie avait besoin d’un but, elle l’a obtenu. L’adversaire qui semblait être venu jouer le 0-0 en espérant une ouverture quelconque en était pour ses frais et devait changer son fusil d’épaule, à savoir jouer l’offensive à outrance. Paul Put va ainsi incorporer ensemble Bancé et Alain Traorè. L’Algérie, pour sa part, fait entrer Yebda, Taïder et Kadir
Rien de bien notable malgré tout, de la part des 2 équipes. Sinon attendre la 93° minute pour voir l’Algérie sauvée de la catastrophe par le poteau droit des buts de Zemmamouche. Une immense et terrible frayeur, qui aurait sonné le glas des espérances algériennes est finalement demeurée sans conséquences...A ce propos, quelques jours plus tard, Halilhodzic dira : « Si mon cœur ne s’est pas arrêté à ce moment-là, je crois qu’il ne s’arrêtera jamais. »
La relation qui vient d’être faite de cette rencontre capitale n’a été ni tronquée, ni volontairement restrictive. C’est le reflet d’une réalité constatée sur le terrain de deux équipes tellement paralysées par l’enjeu suprême, qu’elles se sont avérées incapables de créer, d’improviser ou d’oser… Rien, pour ainsi dire, sinon les 3 ou 4 occasions dont j’ai parlé plus haut. Celle du Burkina Faso, la seule et l’unique, à la 93° minute. Et à la clef un but gag, heureux, qualifié de « but z’har » (chanceux) par Bougherra lui-même et de « fluke » (coup de veine) par la BBC ! Mais il n’y a aucun chauvinisme à dire qu’il s’agissait d’un but valable et valide, entaché d’aucune irrégularité, ni d’une quelconque erreur d’arbitrage et qui signifiait que l’Algérie avait atteint son objectif, à savoir, la présence en Juin 2014 au Brésil pour y disputer son quatrième mondial, le second consécutif après celui de 2010 en Afrique du Sud.
Le lendemain, les gazettes locales pouvaient faire assaut de manchettes : El Moudjahid : "Brasilia nous voilà " !
El Watan : "Braaaziiil " ! Liberté : " Ola Brazil " !
Une qualification fêtée en long et en large toute la nuit, dans les moindres recoins du pays, par des supporteurs fidèles et enthousiastes, certains malheureusement trop téméraires ou imprudents, malchanceux en tout cas et qui paieront de leur vie de telles célébrations.
Après le match amical (nul 2-2), en Août 2013, face à la Guinée, Halilhodzic avait déclaré « il faudra mieux jouer, si l’on veut se qualifier pour la Coupe du Monde ». Ils se sont qualifiés en jouant de façon plus que médiocre, lors du match retour. Il n’en reste pas moins vrai qu’il faudra effectivement beaucoup mieux jouer, si nous ne voulons pas être ridicules en Juin au Brésil.
Trois jours après cette qualification, le Président de la fédération de football du Burkina Faso déclare publiquement que des réserves avaient été présentées à la FIFA, à propos de Madjid Bougherra, qui d’après la thèse burkinabé, n’aurait pas dû prendre part au match de Blida en raison d’un cumul de cartons jaunes ( 1 face au Mali et 1 face au Burkina à l’aller). Mr Sangaré avait précisé « Nous avons un dossier en béton ».
Le béton était sûrement de très mauvaise qualité, car déjà chacun, en Algérie, savait bien que Bougherra n’avait pas pris de carton jaune, au match aller face au Burkina, mais qu’il s’agissait de Belkalem. Et surtout, 5 jours plus tard, la FIFA confirme en rejetant à la fois en la forme et au fond la plainte burkinabé, précisant que « l’Algérie n’avait commis aucune irrégularité ».
L’Algérie était donc bien qualifiée et début Décembre, les yeux seront tournés vers le Brésil et la station balnéaire de Costa do Sauipe pour suivre le tirage au sort officiel fixé au vendredi 6 Décembre, devant arrêter la composition des 8 groupes de 4 pays qui auront à en découdre pour la première phase. Auparavant il aura fallu procéder à la répartition des 32 équipes qualifiées dans 4 chapeaux (ou pots) différents. A ce propos, une innovation cette fois-ci de la part de la FIFA, qui a décidé que les 7 premiers pays du classement FIFA du mois d’Octobre 2013, seraient, en compagnie du Brésil, pays hôte,considérés comme têtes de série et placés dans le chapeau 1. Les 3 chapeaux restants seront constitués selon des critères « d’ordre sportif et géographique » dixit la FIFA.Signalons pour terminer que le continent africain sera représenté par les 5 mêmes pays déjà présents en 2010 en Afrique du Sud : Algérie,Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria.
Le jour du tirage au sort, tant attendu et tant redouté, est finalement arrivé le vendredi 6 décembre. L’Algérie a hérité du groupe H le dernier des 8 groupes et est sortie la dernière du chapeau 2. Elle sera aussi la dernière à clôturer les matches de la phase de groupes. Bon ou mauvais présage ?? Débuter face à la Belgique, tête de série, le 17 Juin à Belo Horizonte, poursuivre 5 jours plus tard, plus au sud à Porto Alegre, face à la Corée du Sud et terminer le 26 juin contre la Russie à Curitiba, située entre les 2 villes précédentes. Toutes les 3 se trouvent au sud du pays où l’influence tropicale sera moindre en cette période hivernale du mois de Juin.
C’est loin d’être un « groupe de la mort ». Ce n’est pas non plus de tout repos. Que l’on ne se le cache pas, ce tirage est compliqué avec des équipes ambitieuses et deux, au moins, nous sont théoriquement supérieures. S’agissant de matches de phase finale de Coupe du Monde, les nôtres auront à démontrer sur le terrain de quoi ils sont capables, à prouver qu’il ne faut pas sous estimer les réputées « petites équipes » et à « vendre chèrement leur peau » afin de n’avoir rien à regretter. Cela signifie qu’il faudra livrer 3 grosses batailles, sans répit, ni rémission en usant de toute son intelligence, son talent et sa détermination. On ne devra surtout pas répéter les prestations soporifiques, dépourvues d’idées et d’ambition, de triste mémoire, face à la Slovénie et aux Etats Unis en 2010.
La Belgique a réalisé un très beau parcours éliminatoire, gagnant tous ses matches sauf à concéder un seul nul et en terminant avec 7 points d’avance sur la Croatie seconde. Elle a renouvelé ses effectifs et possède désormais un groupe de jeunes joueurs talentueux, associés à quelques anciens plus expérimentés. Tous jouent dans de grands clubs européens. Ils sont dirigés par Marc Wilmots, lequel a connu le bonheur d’avoir déjà joué 3 Coupes du Monde, dans les rangs d’une équipe qui a l’ambition de faire oublier ses absences en 2006 en Allemagne et 2010 en Afrique du Sud.
La Corée du Sud est une habituée de la qualification dans le continent asiatique.Depuis 1986 elle a toujours été présente avec une brillante place de de demi finaliste, en 2002 sur son territoire. En 2010 elle a réussi à passer au second tour en compagnie de l’Argentine et donc aux dépens du Nigeria et de la Grèce. Lors des qualifications pour 2014, elle a terminé au second rang derrière l’Iran, leader du groupe. Elle demeure une équipe dont les « batteries ne sont jamais à plat ».
La Russie en tant que telle, avec un potentiel formidable de clubs et de licenciés, n’a pas encore tout à fait digéré sa mue (URSS/Russie) depuis 1992. Elle avait, elle aussi, raté la qualification pour les Coupes du monde de 2006 et 2010. Elle est désormais dirigée par Fabio Capello et a terminé facilement en tête de son groupe devant le Portugal. Il n’y a aucun joueur de génie, ni un joueur qui sort du lot. Mais il s’agit d’une équipe qui forme un bloc compact, solidaire avec un ensemble de compétiteurs solides d’un excellent niveau technique et maîtrisant parfaitement les fondamentaux du football moderne.
A quelques exceptions près, la majorité des joueurs russes, tout autant que les Coréens d’ailleurs, joue chez eux, dans le championnat national. Ce qui constitue un avantage non négligeable pour leur sélectionneur, lequel peut les regrouper à sa guise.
Face à ces 3 futurs adversaires, il n'y a eu dans le passé que des matches amicaux. Le bilan avec la Belgique se résume à deux matches :un match nul 0-0 à Bruxelles en Mai 2002 et une défaite 1-3 à Annaba en Février 2003. La Corée du Sud a battu 0-2 une équipe B d’Algérie, en Décembre 1985 au Mexique. En Novembre 1964 l’URSS avait été tenue en échec 2-2 à Alger, mais l’Algérie n’a jamais rencontré la Russie nouvelle.
La délégation de la Fédération algérienne qui a assisté au tirage au sort, en a profité pour trouver un camp de stage et de séjour pour le mois de Juin, dans la région de la grande métropole de San Paolo. Le coach et la Fédération vont également s’employer à choisir des sparring partners adéquats en vue des rencontres amicales de préparation. Le premier adversaire sera la Slovénie le 5 Mars 2014 en Algérie. Les autres tests auront lieu fin Mai,début Juin 2014.
Remarque anecdotique : je viens de me rendre compte que ce groupe H de 2014 ressemble étrangement au groupe H de l’année 2002. En compagnie de la Belgique et de la Russie il y avait un pays asiatique, le Japon et un pays maghrebin, la Tunisie. C’est la raison pour laquelle la Belgique avait, à l’époque, choisi l’Algérie comme sparring partner !!
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