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  L E   P A R C O U R S  
 

           

 
LA FIN D'UNE EPOQUE
 

 


L’Algérie, on l’a dit, avait obtenu la charge d’organiser la phase finale de la CAN 1990 à Alger et Annaba.  Avant les 2 matches dont nous venons de parler, le tirage au sort avait placé l’Egypte dans le groupe de l’Algérie en compagnie du Nigeria et de la Côte d’Ivoire. Dans le contrat qui le liait  à la fédération, Kermali devait poursuivre sa tâche avec cette échéance importante. Pour l’aider, il va s’adjoindre les services d’Ali  Fergani, ancien capitaine de la sélection et Noureddine Saadi, ancien entraîneur de clubs et de l’équipe nationale juniors.


Au cours de matches amicaux à Dakar (0-0), en France face au Mali (5-0) et à Alger contre la Roumanie (0-0), Kermali va faire appel à de nouveaux joueurs tels Mahieddine MEFTAH, Mourad RAHMOUNI et les moins de 20 ans Tarek LAZIZI  et  Mohammed RAHEM. Notons en passant qu’en cette fin d’année 1989, Lakhdar Belloumi aura, avec son club du Mouloudia d’Oran, raté une belle consécration en échouant en finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions, face au Raja de Casablanca, entraîné par un visage familier,  l’Algérien Rabah Saadane !

 

                                                            LA SEPTIEME CAN DE L'ALGERIE  ET LA PREMIERE VICTOIRE

Début Mars 1990, tout est prêt à Alger et Annaba pour accueillir les 7 équipes qualifiées, lorsqu’à la veille de l’ouverture de la compétition, la Fédération égyptienne fait des siennes. Elle annonce que sa représentation sera confiée à une équipe B parce que le sélectionneur El Djohari préfère réserver ses troupes pour le Mondiale Italien. Puis l’on parle de forfait pur et simple. Les responsables de la CAF, Président en tête, sont depuis plusieurs jours déjà en Algérie. Ils parlent de sanctions, se ravisent puis négocient. Ils finissent par avaler la couleuvre de l’équipe B,  laquelle arrivera à Alger après le match inaugural. Craignant sans doute des retombées après le match du Caire, la Fédération avait monté ce scénario de mauvaise qualité. Plus question de sanctions, le secrétaire général de la CAF, de nationalité égyptienne, ayant dû y veiller, encore qu’il est bon de rappeler qu’aucun règlement n’oblige une fédération à présenter sa meilleure équipe dans un tournoi officiel.

Le match d’ouverture entre l’Algérie et le Nigeria, aura heureusement fait passer au second plan ces péripéties de mauvais goût. Et pour cause. Après 30 minutes de tatônnements, les joueurs algériens réussirent à ouvrir le score par Madjer à la suite d’un beau débordement de la droite de Cherif Oudjani,  de retour en sélection. Le milieu de terrain formé d’Amani, Cherif El Ouazzani et Saïb  étant très actif, il ne restait plus aux trois attaquants, eh oui 3 attaquants, qu’à trouver le chemin des filets adverses.

La formation nigérienne était privée de quelques uns de ses titulaires, non libérés par leurs clubs européens. Elle sut faire front. Mais la seconde période lui sera fatale. En effet, Madjer signa un second but  au moyen d’un très joli coup franc lifté par-dessus  le mur nigérian. Ceci constitua le signal d’actions d’éclat presque toutes en contres rapides et meurtriers qui vaudront 3 autres réalisations par Menad (2) et Amani. Le Nigeria réussit à réduire la marque, mais le score final (5-1) restait très éloquent. Le lendemain, la Côte d’Ivoire l’emportait facilement sur l’Egypte (3-1) dans un stade vide.

La deuxième journée prévoyait les chocs Nigeria-Egypte et Algérie-Côte d’Ivoire. Dans un stade du 5 Juillet, plein comme un œuf et au milieu de mesures de sécurité exceptionnelles, les Nigérians se seraient crus chez eux au stade de Suruléré à Lagos, tant le public les porta de bout en bout, tout en huant les Egyptiens. Le Nigeria finira par s’imposer (1-0) et l’entraîneur hollandais ne manquera pas de remercier le « formidable public d’Alger ».De son côté l’Algérie n’éprouvera pas beaucoup de difficultés à battre les Ivoiriens (3-0), même si après un but de Menad (25° minute), elle dut attendre les dix dernières minutes pour corser l’addition par Cherif El Ouazzani et Amani. Durant cette rencontre, les Algériens déplorèrent la blessure du libero Adghigh, une perte assez sévère et une retraite définitive de la sélection malheureusement.

C’est une équipe algérienne très remaniée, sans le gardien titulaire Osmani, les défenseurs Megharia et Benhalima et les attaquants Madjer  et Oudjani, qui battra l’Egypte (2-0) sur des buts de Amani et Saïb. Le public  a grondé autant qu’il a pu, mais il n’y eut aucun incident ni avant, ni pendant, ni après le match.

Pour les demi-finales, l’Algérie recevra le Sénégal, second du groupe de Annaba, cependant que le Nigeria ira à Annaba défier la Zambie. Dans ce second groupe de Annaba, le Cameroun, qualifié pour le Mondiale italien, fit véritablement pâle figure (2 défaites, 1 victoire) et sera donc écarté des ½ finales.

Renforcé par ses joueurs professionnels, opérant en France, le Sénégal se présentait comme un rival sérieux pour les Verts qui vont toutefois réussir à ouvrir le score dès la 3° minute par l’inévitable Menad. Les buts précoces ont parfois du bon, mais ils peuvent dans d’autres cas assoupir une équipe. C’est ce qui arriva aux nôtres qui se laissèrent franchement bousculer par les Sénégalais qui égaliseront et tiendront fermement tête, jusqu’au moment où Amani est venu délivrer partenaires et public de la tension qui pesait sur tous, assurant à l’Algérie une place en finale.

Une finale, répétition du match d’ouverture face à un Nigeria victorieux (1-0) de la Zambie à Annaba et qui, par petites touches, venait de parvenir à sa quatrième finale en 10 ans. Quant aux Algériens, ils allaient pour la 3° fois retrouver les Green Eagles dans une finale continentale après 1978 et 1980. La rencontre fut assez décevante. Les Nigérians, très prudents, n’avaient pas l’intention de se laisser une nouvelle fois tailler en pièces. Les nôtres semblant avoir des difficultés à trouver leurs marques. C’est finalement Cherif Oudjani, ayant raté tant d’occasions, au cours des précédentes rencontres qui, sous les yeux ravis de son ancien international de père Ahmed, offrira le but de la victoire et du sacre.

La prime accordée pour la victoire s’éleva à  280.000 dinars par joueur (si ma mémoire est fidèle). Presque 56  fois  plus qu’en 1975. Devant les caméras de la télévision nationale, Cherif El Ouazzani fut le seul à déclarer : « Ce n’est pas assez » !!

La saison se terminera par un match amical face à la Suède au grand complet, se préparant pour le Mondiale devant une équipe algérienne ne comptant plus que trois titulaires habituels (Serar, Megharia et Cherif El Ouazzani). Ceux qui avaient programmé depuis longtemps cette rencontre, avaient oublié qu’elle coïnciderait avec le mois de Ramadan et qu’elle surviendrait après le sacre africain au cours duquel, on l’imagine aisément,  les corps et les esprits des joueurs avaient été mis à rude épreuve. Curieusement, cette formation amoindrie – chose dont se plaindront les Suédois avant le match -  réussira à arracher le match nul (1-1) alors qu’au cours des 3 confrontations précédentes, la Suéde l’avait toujours emporté aussi bien à domicile qu’en Algérie.

En conclusion on peut dire que ce fut une belle année 1990, marquée par le premier sacre continental de l'Algérie. Une année avec 9 matches sans aucune défaite, six victoires et trois nuls ; 20 buts inscrits contre 3 seulement encaissés. Zéro défaite, cela n'était plus arrivé depuis 1963 !!

Qualifié d’office pour la CAN 1992 au Sénégal, éliminé de la Coupe du Monde, n’ayant plus à disputer les éliminatoires des Jeux Africains, Méditerranéens et Olympiques , désormais tous réservés aux moins de 23 ans, le onze national n’avait que des matches amicaux à se mettre sous la dent en attendant une finale de Coupe Afro-Asiatique contre l’Iran.

 

Après avoir quitté le club du FC Porto, Madjer laisse entendre qu’il se retire. Mais on apprend qu’il vient de signer dans un club du Qatar et chacun se doute qu’il finira par revenir en sélection. Au cours des 6 matches amicaux (3 à domicile et 3 à l’extérieur), Kermali va procéder à l’incorporation d’un certain nombre de joueurs  locaux tels BETTADJ, MEDJBOURI, BENHAMADI, LOUNICI et le jeune professionnel du Paris St Germain  Benyoucef HARAOUI. Le bilan n’est pas négatif : nuls à Dakar contre le Cameroun (0-0) et (2-2) contre le Sénégal et aussi (0-0)  face à la Tunisie. Nul également à Annaba contre le Maroc et victoires en Algérie devant le Sénégal (1-0) et la Tunisie (2-1). Cette préparation sera relayée durant l’été par un séjour en Belgique qui restera sans lendemain. Ceci eut pour résultat que fin Septembre à Téhéran, la sélection algérienne, en condition physique très précaire, souffrira le martyre. Et c’est une chance que le jeune défenseur Tarek Lazizi ait pu inscrire le but salvateur contre les deux iraniens.

Rappelez-vous qu’un an auparavant, lorsqu’il prit la succession de Lemoui, la première remarque de Kermali concernait  le constat de  condition physique insuffisante qu’il avait notée chez nos internationaux. Et le voilà qu’il tombe dans le même travers !


Ce qui était prévu arriva, à savoir le retour de Madjer en sélection, présent aussi bien à Téhéran  qu’au retour à Alger où, en compagnie d’autres joueurs expatriés tels Benhalima, Megharia, Ferhaoui et Menad, il réussira à remporter le trophée afro-asiatique grâce à une victoire (1-0 ) à Alger sur un but du défenseur Benhalima. Le second titre, intercontinental cette fois-ci, dans l’escarcelle du « Cheikh » Abdelhamid Kermali.

En ce mois d’Octobre 1991, à 3 mois de Sénégal ’92, il ne reste guère de temps à Kermali pour affûter ses troupes. Il se contentera de recevoir et battre le Sénégal (3-1), le 5° match entre les 2 pays en l’espace de 2 ans qui permettra à Abdelhafid Tasfaout d’ouvrir par un doublé son futur riche compteur record… La sélection obtient le match nul (1-1) avec le Maroc à Casablanca, avant d’aller se préparer à Agadir. Ce stage de préparation ultime verra le rappel de tous les joueurs professionnels possibles et imaginables, anciens et néo-pros, parmi lesquels Ali Bouafia (Lyon),  absent depuis 4 ans. Mais alors que la délégation est encore au Maroc, Kader Ferhaoui quitte ses camarades pour repartir vers Montpellier, sous prétexte que durant sa longue absence, son club ne voulait pas prendre en charge son salaire, que la Fédération algérienne ne s’était pas non plus engagée à payer. Aucun autre joueur ne souleva une telle question. Mais l’éclat de Ferhaoui laissera des traces.


Il faut dire ici que la FIFA, mettant fin à un laxisme qui durait, avait décidé, quelques mois auparavant que les clubs, quels qu’ils soient, étaient désormais dans l’obligation de libérer les joueurs appelés à être retenus dans la sélection nationale de leurs pays respectifs. Une telle situation qui pénalisait lourdement surtout les équipes africaines, n’avait pu trouver de solution que parce que les trois quarts, sinon la totalité, des internationaux brésiliens et argentins gagnaient désormais leur vie dans des clubs européens et leurs voyages transatlantiques posaient problème aux clubs européens, employeurs qui rechignaient à les libérer. La Confédération d’Amérique du Sud  sut convaincre le Brésilien Joao Havelange, Président de la FIFA. L’Afrique en bénéficiera par ricochet  dirions-nous.

 

                                                                                       LA HUITIEME CAN DE L'ALGERIE

 A l’occasion de  cette phase finale de 1992, la CAF avait innové en portant à 12, au lieu de 8, le nombre des pays participants, répartis en 4 groupes de 3. L’Algérie, tête de série, ne semblait pas avoir hérité d’un mauvais tirage (Côte d’Ivoire et Congo), car sa dernière défaite face à la Côte d’Ivoire remontait à 1968, en dépit des 8 matches disputés depuis lors. Quant  au Congo, il avait brièvement occupé l’avant-scène du football africain, grâce à un succès lors des Jeux africains de Brazzaville en 1965 ! Comme deux équipes sur les trois se qualifiaient pour le tour suivant, la tâche de nos représentants ne paraissait pas surhumaine.

Les apparences et les calculs d’avant match peuvent être tout à fait trompeurs. Ceci est tellement vrai que dès la première demi-heure de jeu, les Ivoiriens ouvrirent le score et les Algériens se retrouvaient réduits à 10 après l’expulsion du défenseur Kamel Adjas, auteur d’une agression aussi caractérisée que gratuite sur son adversaire direct ivoirien Bensalah qui l’avait déjà « promené » facilement  à deux reprises. Le premier but à l’issue d’une remise en touche, le second sur corner, mirent en évidence la faiblesse et le mauvais placement de la défense algérienne, formée pourtant de 5 joueurs : Mourad Rahmouni, Megharia, Benhalima, Belatoui et Adjas (avant son expulsion).

En attaque, Meddane, préféré à Menad, fut très lent et nous montra des rondeurs autour de la taille, inadmissibles pour un joueur professionnel de 25 ans. Ali Bouafia, ne fit preuve ni de décision, ni d’opportunisme au poste d’avant-centre qui n’était pas le sien. Madjer enfin, avait, au Qatar, perdu son tranchant et son efficacité. Au milieu, Saïb et Cherif El Ouazzani couvrirent beaucoup de terrain, en pure perte. En seconde période, l’entrée de Yazid Sandjak, dans un poste flottant entre défense  et attaque et celle de Haraoui, à la place du défenseur Belatoui, n’améliorèrent nullement le rendement de l’équipe nationale. C’est au contraire Tihy qui, pour la Côte d’Ivoire, ajoutera un 3° but. Soit  un 0-3 final !  Oui !  Le même résultat qu’en en 1968 lors de la phase finale de la CAN en Ethiopie !!

Certains n’hésitèrent pas à attribuer cette déconvenue du champion d’Afrique sortant, à l’incertitude politique et  l’agitation sociale régnant en Algérie, et la démission du président Bendjedid, 48 heures avant le match. Soit ! Et tant qu’il y a de la vie, l’espoir subsiste. Bien entendu l’espoir s’appelait victoire face au Congo. Un adversaire qu’ils allaient  tout à loisir observer lors de son match contre les Ivoiriens. Match sans enseignement majeur puisqu’il se termina par un 0-0 nul et sec, qui qualifiait les Eléphants et préservait les chances des Congolais.

Pour leur second match, les Verts vont effectuer peu de changements. Sauf que le gardien Osmani, peu leste et peu inspiré sera remplacé par Kamel Kadri. En attaque, Menad et Bouiche Nasser viennent épauler Bouafia et Madjer. Quatre attaquants de métier ! Cela ne suffira pas pour battre les Congolais, car notre équipe se révéla sans âme, sans génie et sans aucune volonté affirmée, ni désir pressant d’arracher la qualification. Le remplacement tardif de Bouafia et Madjer par les jeunes Mohammed Rahem et Abdelhafid Tasfaout, ne changera rien à la situation et n’entraînera que des regrets supplémentaires.

Auteur de deux piètres exhibitions, le tenant du titre sortait par la petite porte.  La  prestation dans la ville méridionale de Ziguinchor nous rappela celle de Monterrey contre l’Espagne en 1986. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on saura plus tard que la crise était née bien avant l’arrivée au Sénégal et elle tournait une fois de plus autour des primes et le chantage qui s’ensuivit. Pour la première fois, la  Ministre des Sports va immédiatement dénoncer publiquement la manière peu reluisante dont les couleurs nationales avaient été « défendues ». Elle annoncera aussi que responsables et joueurs devront rendre des comptes. Une femme qui s’exprimait à haute voix.

Un certain nombre de joueurs, considérés comme les meneurs seront exclus des rangs de la sélection. Kermali, lui, contesta le fait d’être  condamné  avant même d’être entendu. Bien évidemment  il  démissionna après avoir fait ressortir que son « mandat » de 21 mois avait rapporté 2 titres  officiels  à l’Algérie : la Coupe d’Afrique de Nations et la Coupe Afro -Asiatique. Personne, avant lui, n’avait fait mieux , nonobstant les deux médailles d'or remportées par Rachid Mekhloufi en 1975 et 1978 !
Pour notre consolation, consignons ici que la Côte d’Ivoire gagnera  finalement le trophée suprême face au Ghana,  après une série marathonienne de tirs au but (11-10). S’ajoutant à celle  de ses camarades Assad et Belloumi, on enregistra la retraite de Rabah Madjer, après plus de 13 années passées en équipe nationale, au cours desquelles il aura marqué 28 buts en 86 sélections.

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